Le potentiel de report modal, c’est-à-dire la part des déplacements qui pourraient théoriquement être réalisés avec un autre moyen de transport que l’automobile est, à première vue, conséquente : on peut ainsi estimer que 8 % des déplacements en voiture pourraient être réalisés à pied52 et 35 % à vélo53 54.
Ces « réserves de report modal » concernent principalement les résidents des communes centre d’aires urbaines dont 9 % des déplacements motorisés pourraient être faits à pied et un peu moins de la moitié (43 %) à vélo ; ils restent néanmoins très importants pour les résidents des autres types d’espace, y compris en dehors des aires urbaines (potentiel de report modal de 8 % vers la marche et 28 % vers le vélo). Les résidents des communes périurbaines sont ceux dont le potentiel de report modal est le plus faible (6 % vers la marche, 28 % vers le vélo) même s’il reste important.
Ces chiffres sont néanmoins à appréhender avec certaines précautions car ils ne tiennent pas compte d’obstacles importants à la mise en pratique réelle du report modal : l’état de santé des individus, la présence ou non d’équipements adaptés au report modal (trottoirs, pistes cyclables, parkings à vélo,…), la déclivité, les motifs de déplacement, mais également la prise en compte des chaînes de déplacements55. Il n’en reste pas moins qu’il existe des « réserves » importantes de report modal vers la marche ou le vélo, en particulier parmi les résidents des centres urbains, précisément là où les freins à leur mise en œuvre sont les plus limités (existence plus fréquente de trottoirs et de pistes cyclables, distances à parcourir plus faibles, densité plus importante d’équipements et de commerces, boucles de déplacements plus courtes,…).
52. Déplacements correspondant à des distances d’1 km ou moins, soit 15 minutes à pied maximum.
53. Déplacements correspondant à des distances de 1 à 4 km, soit 15 minutes à vélo maximum.
54. Le report modal peut également se faire vers les transports en commun, mais ce potentiel est bien plus difficile à modéliser, c’est pourquoi il n’est pas présenté dans ce développement.
55. Tous les déplacements n’ont pas pour lieu de départ le domicile et différents motifs de déplacement peuvent s’intercaler pour former des « boucles » de déplacements entre deux retours au domicile (cf. encadré « Décrire les mobilités quotidiennes »). Les individus sont ainsi amenés à se déplacer de façon « chaînée » et ce, de façon variable selon les territoires et les individus. Les boucles les plus longues sont celles des résidents des communes périurbaines avec 2,66 déplacements en moyenne.