En 1990, l’Allemagne était la deuxième destination des transfrontaliers français, avec 40000 actifs accueillis. La croissance de ce flux dans les années 1990 laissait présager qu’elle garderait cette place. Mais ce pays est devenu moins attractif au début des années 2000 et le nombre d’actifs s’y rendant pour travailler a commencé à diminuer, pour arriver en 2013 un peu au-dessus de son niveau de 1990.
Plusieurs bassins d’emploi allemands restent néanmoins attractifs, comme l’ensemble SarreMoselle où les pôles de Sarrelouis et Sarrebruck attirent nombre de frontaliers de Creutzwald à Sarreguemines, en passant par Forbach. C’est aussi le cas, plus à l’Est, des pôles d’emploi de Rastatt, Karlsruhe, ou Landau21 dont dépendent les communes autour de Wissembourg et, plus près de la frontière allemande, celles de Seltz à Lauterbourg (la part de transfrontaliers y est souvent supérieure à 30 % de l’ensemble des actifs de chaque commune). Enfin, en remontant le Rhin vers Strasbourg et au-delà, les travailleurs transfrontaliers sont encore très nombreux, mais l’économie globalement moins dépendante des villes allemandes d’Offenbourg ou de Fribourg-en-Brisgau.
Parmi les actifs se déplaçant vers l’Allemagne, on observe une forte proportion d’ouvriers (49 %), travaillant dans les nombreuses entreprises de taille moyenne qui forment le tissu industriel outre-Rhin. Cette part a toutefois nettement diminué depuis 1990 (75 % d’ouvriers) au bénéfice de celle des cadres, des professions intermédiaires, mais aussi des employés : la part du secteur tertiaire a donc progressé, passant de 27 % en 1990 à 45 %, mais reste dans une proportion nettement inférieure à celle du tertiaire au sein des actifs frontaliers travaillant en France (75 % travaillent dans le tertiaire).
Les frontaliers travaillant en Allemagne sont marqués par un très fort vieillissement : la part des moins de 30 ans est passée de 32 % en 1990 à 8 % en 2013, bien en deçà de celle des actifs frontaliers ayant une activité en France (19 %). L’évolution est encore plus notable pour les plus de 50 ans : alors qu’en 1990 ils ne représentaient que 8 % des actifs travaillant en Allemagne, ils comptent désormais pour plus d’un tiers du contingent.
La diminution du nombre de frontaliers travaillant en Allemagne et leur vieillissement traduisent un non-renouvellement des travailleurs allant vers ce pays, sans doute lié à une mutation de la demande des entreprises allemandes et des conditions de travail auxquelles les qualifications des actifs français ne sont pas en mesure de répondre.
21. Toutes ces communes sont d’ailleurs intégrées dans la gouvernance de l’Eurodistrict de Pamina.