Si les temps de trajet domicile-travail sont fortement différenciés selon les catégories d’actifs, ils le sont également selon le lieu de résidence de ces derniers. En effet, le mouvement de périurbanisation, qui conduit un nombre croissant d’actifs occupant des emplois situés dans les pôles urbains à déménager en grande périphérie de ceux-ci, a un impact direct sur les déplacements quotidiens. En conséquence, c’est dans les couronnes des grands pôles urbains que les temps de trajet domicile-travail médians sont les plus élevés (19 minutes), plus particulièrement en région parisienne (la moitié des actifs de Seine-et-Marne ont un trajet supérieur à 30 minutes), sur le littoral méditerranéen et dans les couronnes des métropoles de Bordeaux et de Toulouse. Dans les grands pôles urbains, rares sont les actifs résidents à se trouver à moins de 5 minutes de leur lieu de travail (5 %). En revanche, c’est là que les actifs effectuant de très longs trajets sont, en proportion, les plus nombreux : 13 % des actifs résidents des grands pôles ont un temps de trajet domicile-travail supérieur à 45 minutes pour rejoindre leur emploi. Dans les petits et moyens pôles, à l’inverse, la moitié des actifs résidents habitent à moins de 5 minutes de leur lieu de travail : c’est dans ces espaces que le temps de déplacement médian est le plus faible (5 minutes), devant les espaces ruraux, où il est de 8 minutes.
Le temps de trajet moyen des actifs français a augmenté dans la plupart des espaces entre 2006 et 2012, notamment dans les zones ayant une part importante de travailleurs transfrontaliers. De plus en plus d’actifs traversent la frontière pour occuper un emploi à l’étranger. Les espaces où le temps de trajet des actifs est le plus élevé, et plus particulièrement la région parisienne, ont toutefois connu une augmentation inférieure à celle des autres territoires (petits et moyens pôles urbains, espaces ruraux) au cours de cette période, voire une légère baisse dans Paris et sa petite couronne. En parallèle, les actifs résidant en dehors de la région Île-de-France, dans des territoires qui restent sous l’influence économique du pôle parisien, ont vu leur temps de trajet moyen augmenter. Ce phénomène révèle l’extension de la périurbanisation autour de la région capitale. À l’échelle nationale, on observe une tendance à la réduction des disparités des temps de trajet entre les différents types d’espaces, sous l’effet d’une double dynamique : une stagnation – voire une baisse – des temps moyens dans l’espace des grandes aires urbaines, et une augmentation dans les petites villes et dans des espaces périurbains situés de plus en plus loin des pôles économiques. Ces conclusions invitent à observer l’évolution de la direction des déplacements domicile-travail. L’augmentation généralisée et l’homogénéisation des temps de trajet sont en effet liées à l’interdépendance croissante des différents types d’espaces, révélant une extension spatiale des marchés locaux du travail autour des pôles.