La dissociation spatiale croissante entre les lieux d’emploi et les lieux de résidence, plus importante pour certaines catégories d’actifs (les cadres) et dans certains territoires (les couronnes des pôles urbains), pose d’importants enjeux quant au bon fonctionnement des marchés locaux du travail.
Il est impératif, d’une part, de réfléchir aux moyens de freiner cette dynamique, via des programmes de construction de logements près des pôles d’emploi et de redistribution spatiale des emplois, ou encore par des programmes de formation territorialisée adaptée aux besoins de main-d’œuvre de chaque territoire, il est nécessaire, d’autre part, d’envisager ses conséquences en termes de mobilité. En effet, la dissociation spatiale croissante des lieux d’emploi et des lieux d’habitation des actifs est compensée par des navettes quotidiennes toujours plus longues, et renforcée par des mobilités résidentielles vers les espaces périurbains. Les mobilités résidentielles à plus longue distance, vers les régions attractives, ont, quant à elle tendance à accentuer les déséquilibres territoriaux en matière de croissance de l’emploi. Mobilités journalières et migrations résidentielles sont ainsi au cœur des problématiques sociales et écologiques, ainsi que des stratégies territoriales en termes d’emploi : elles reconfigurent les spécialisations fonctionnelles des territoires, au risque d’accroître les disparités spatiales.
La tendance au desserrement de l’habitat quand les emplois, notamment les plus qualifiés, se concentrent de plus en plus dans les grandes aires urbaines, augmente la dissociation spatiale entre les lieux de résidence des actifs et la localisation des emplois qui leur correspondent. Cette inadéquation spatiale croissante génère des déplacements quotidiens de portée de plus en plus longue. La tendance à l’allongement des navettes domicile-travail ne concerne toutefois pas tous les territoires de la même manière, ni toutes les catégories d’actifs.
Depuis les années 1980, la distance moyenne entre le domicile et le lieu de travail des actifs occupés français est passée de 9 km à près de 15 km en 2008, soit une augmentation moyenne de presque 6 km en un quart de siècle. Parallèlement, la durée moyenne de ces trajets a également augmenté, mais dans des proportions moindres : le temps moyen de trajet des actifs occupés était de 22 minutes et 36 secondes en 2008, soit seulement 2 minutes de plus qu’en 1982. Ainsi, les actifs occupés parcourent, pour se rendre au travail, un trajet significativement plus long qu’auparavant, en un temps à peine supérieur. On peut y lire l’amélioration des réseaux de transport2, qui a permis à un nombre croissant d’actifs de résider de plus en plus loin de leur lieu de travail sans y perdre en temps d’accès.