Le débat sur l’appariement entre offre et demande de travail est souvent posé en ces termes : « Faut-il apporter les emplois aux individus, ou amener les individus là où il y a des emplois ? » Plutôt que de trancher pour l’une ou l’autre des options, les politiques publiques doivent travailler à la fois sur la mobilité des personnes, pour les rapprocher d’espaces où les emplois sont concentrés, et sur celle des emplois, pour qu’ils ne restent pas uniquement concentrés dans un nombre limité d’espaces, inaccessibles pour une partie des actifs.
Il importe en effet d’articuler les politiques de l’emploi avec celles du logement, en particulier du logement social, pour favoriser l’accès à la centralité des actifs, notamment les plus démunis, que des choix résidentiels contraints éloignent souvent des pôles d’emploi. L’enjeu de telles politiques est de favoriser la compacité autour de polarités centrales et secondaires, afin de rapprocher les ménages des noyaux d’emploi, et de limiter l’étalement urbain.
Ces politiques doivent alors être combinées avec un ensemble d’actions plus larges, de contrôle des prix fonciers et immobiliers, d’équipement et de services, afin de constituer des pôles qui concentrent des ressources urbaines (emplois, services, etc.). Ce renforcement de pôles de toutes tailles constitue un enjeu fort, tant pour l’accès à l’emploi dans les principaux pôles économiques, que pour le maintien de l’emploi – et donc de la population – dans des espaces plus éloignés de ceux-ci.
Les villes nouvelles, instituées à partir des années 1960 pour constituer des pôles de développement autonomes, distincts des grandes agglomérations, avec une capacité d’accueil suffisante pour assurer un équilibre entre habitat et emploi, sont un exemple emblématique de programmes d’aménagement du territoire visant à réduire le décalage spatial entre les emplois et la population. À l’heure actuelle, l’objectif de rapprochement entre logements et emplois ne passe plus par de telles opérations d’aménagement : les orientations de planification ou les dispositifs contractuels cherchent davantage à favoriser la densification de l’habitat autour des axes du réseau de transport. C’est d’ailleurs l’un des objectifs principaux des contrats de développement territorial (CDT) du Grand Paris, passés entre l’État et les communes, visant à encadrer le développement territorial engendré par la création des nouvelles gares du réseau de transport du Grand Paris Express.
Un chantier complexe
Le CDT est ainsi présenté comme un document d’un nouveau genre qui, sur un territoire donné, reprend les objectifs annoncés en matière d’urbanisme, de transports, de lutte contre l’exclusion, de développement économique et culturel ainsi que de protection de l’environnement, afin de réfléchir à l’insertion des nouvelles gares dans le tissu urbain existant.
S’il est encore trop tôt pour juger de la pertinence de ces outils, il n’est pas exclu qu’ils puissent avoir un effet inverse à celui souhaité de rapprochement entre emplois et habitat, puisque favoriser les conditions de déplacement conduit souvent à éloigner les ménages, et donc accroître les distances d’accès à l’emploi ou aux équipements en général (voir chapitre 2C).