Aujourd’hui bien insérées dans la nouvelle économie mondialisée, les fonctions de production intellectuelle, qualifiées (centres de recherche, entreprises spécialisées dans les technologies de pointe, etc.), se concentrent fortement dans les pôles urbains, principalement dans les territoires de type métropolitain, mais également dans des pôles de taille inférieure, à l’image de Niort, lieu d’implantation de nombreuses compagnies d’assurances. En 2012, la part des fonctions de production intellectuelle est plus de deux fois plus élevée dans les pôles urbains que dans les espaces en dehors de l’influence urbaine ; elle est maximale dans la région Île-de-France (29,4 % des emplois).
À l’inverse, la production matérielle, du fait de la concurrence de nouveaux pays producteurs et du progrès technologique, est en déclin en France, qu’il s’agisse de l’agriculture, de la fabrication manufacturière ou du BTP. Sa part reste toutefois 2,5 fois plus élevée dans les espaces ruraux que dans les pôles urbains, particulièrement dans les régions Bourgogne-Franche-Comté (23,1 % des emplois) et Pays de la Loire (23,0 %).
L’étude de la localisation des fonctions de production matérielle et de production intellectuelle fait apparaître une opposition claire entre les espaces très denses (pôles urbains) et les espaces peu denses.
L’emploi public, en essor depuis 1975, est également surreprésenté dans les pôles urbains (fonction éducation- formation dans les pôles universitaires ; administration publique et hôpitaux dans les préfectures et sous-préfectures notamment), alors que les autres fonctions d’emploi, comme les métiers de la santé et du social, ou encore les fonctions de services aux particuliers, sont plus uniformément réparties.
Les espaces périurbains, où se concentre l’essentiel de la croissance démographique, présentent une structure d’emploi intermédiaire entre celle des territoires urbains et celle des espaces hors de l’influence des villes, avec toutefois quelques spécificités.
Ce sont en effet les lieux où les emplois dans la fabrication, le BTP ou encore le transport et la logistique (fonction d’emploi qui a connu la plus forte déconcentration hors des pôles urbains) sont les plus représentés. L’emploi public y est, quant à lui, assez peu représenté.
La spécificité francilienne
Agréger à une échelle régionale les différents types d’espaces mentionnés ci-avant donne une autre vision de la spécialisation des territoires. Cette échelle de lecture permet avant tout de mettre en avant la grande spécificité de l’Île-de-France, qui se distingue par la place qu’occupent les fonctions de production intellectuelle (29,4 % des emplois, soit presque 10 points de plus que la moyenne de France métropolitaine) et les cadres des fonctions métropolitaines (20,5 % contre 10,3 %). Si les différences sont moins appuyées pour les autres régions, celles de la moitié nord du pays se distinguent globalement par la surreprésentation des fonctions de production matérielle (avec un maximum en Bourgogne-Franche-Comté à 23,1 % des emplois contre 17,9 % en moyenne), et les régions du Sud par une légère prédominance des services aux particuliers (30,4 % en Corse contre 27,2 % en moyenne) et des services publics (27,4 % en Corse contre 23,2 %), liée à une économie de type résidentiel.
Spécialisations sectorielles des zones d’emploi
Si les territoires ont tendance à être de moins en moins spécialisés et de plus en plus homogènes quant à leur structure d’activités, quelques zones d’emploi spécialisées subsistent : dans la fabrication (moitié nord du pays, aux marges du Bassin parisien), dans l’agriculture (Bretagne, ancienne région Auvergne), ou encore dans les services aux particuliers (zones touristiques des littoraux et des Alpes). En lien avec le repli local de l’agriculture, la Corse et les Dom se singularisent désormais par la forte présence de l’emploi public.
La spécialisation sectorielle d’un territoire est héritée d’une longue histoire économique. Elle peut favoriser l’innovation, les économies d’agglomération, et permettre aux entreprises de trouver localement une main-d’œuvre qualifiée. Elle peut aussi être un facteur de vulnérabilité, lorsque le secteur dans lequel la zone est spécialisée est en crise, ou lorsqu’elle s’appuie sur une seule grande entité économique (voir chapitre 1D).