En 2010, à l’image des disparités observées en France, le taux de création d’entreprises était généralement élevé dans les régionscapitales ou autour de celles-ci, et dans les régions où l’économie a poursuivi sa progression (en Pologne), ou a connu un redressement rapide après la forte récession de 2009 (en Slovaquie). Par rapport aux autres pays, la France enregistrait alors un taux de création élevé (12,9 %), une dynamique en partie liée à la mise en place du régime d’autoentrepreneur en 2009 (représentant 57 % des créations d’entreprises en 2010 et 51 % en 2014). Après ce pic, le taux de création d’entreprises en France est redescendu, jusqu’à retrouver en 2013 son niveau de 2008 (9,5 %), équivalent à la moyenne de l’UE 28 (9,6 % en 2013).
L’entrepreneuriat, moteur du développement économique des territoires
L’entrepreneuriat, à l’origine de la création d’entreprise, est un moteur potentiellement important de la croissance de la richesse et de l’emploi dans les territoires. Il résulte d’une interaction entre décision individuelle, conditions institutionnelles et étude de marché autour d’un nouveau projet ou de l’exploitation de l’existant. En 2013, un projet européen a conduit à élaborer un indice régional d’entrepreneuriat et de développement. Cet indice dit « combiné » décrit le processus entrepreneurial en tenant compte des attitudes et caractéristiques individuelles (volonté personnelle de créer une entreprise), ainsi que du contexte régional (existence de conditions favorables à la création d’une entreprise dans la région concernée).
Il existe des variations importantes du niveau d’entrepreneuriat entre les 125 régions européennes pour lesquelles cet indice a été calculé : il est quatre fois supérieur dans la région danoise classée en tête (Hovedstaden à 82,2) à celui enregistré dans la région occupant la dernière position (Macroregiunea Doi en Roumanie à 18,4). Les régions du nord de l’Europe, d’Angleterre, de l’ouest de l’Allemagne, d’Autriche et de France présentent les indicateurs les plus élevés. Ce sont ces régions les plus développées qui occupent la tête du classement, la région de Hovedstaden étant suivie des deux régions abritant les plus grandes villes de l’UE, à savoir le Grand Londres et l’Île-de-France. À l’inverse, c’est en Roumanie, en Hongrie et en Grèce que l’on trouve les régions affichant les plus faibles scores en matière d’entrepreneuriat.
Si l’on ne retient de l’indice combiné que l’aspect individuel de l’entrepreneuriat, en écartant les aspects reflétant le contexte régional, l’analyse des disparités territoriales s’en trouve modifiée.
En France, l’indice combiné distingue Île-de-France et Rhône-Alpes des autres régions, alors que l’indice « individuel » fait en plus ressortir toutes les régions du sud de la France, où l’emploi indépendant est plus répandu, en partie du fait de la forte présence d’activités touristiques. En France, le régime de l’autoentreprise, institué en 2009 pour simplifier la création d’une petite entreprise susceptible de compléter une activité salariée, a connu un essor très rapide : il existe à ce jour plus de 1 million d’autoentrepreneurs enregistrés en France, dont la moitié seulement dégagent un chiffre d’affaires.
La comparaison des deux indices (combiné et individuel), éclairée par l’étude de la démographie des entreprises dans le territoire régional, constitue un outil pour aider les Régions – entre autres acteurs économiques – à affiner leurs stratégies en vue de lever les principaux obstacles et valoriser le potentiel d’entrepreneuriat, y compris d’entrepreneuriat social, pour créer des emplois.