Entre 2011 et 2014, 546 359 entreprises ont été créées en France en moyenne chaque année. Le tissu productif des territoires évoluant, il importe d’analyser ces évolutions pour appréhender le dynamisme économique des zones d’emploi, complémentaire à leur caractérisation à un instant t. À l’image de la géographie de la croissance de l’emploi (voir chapitre 1A), les créations d’entreprises sont très concentrées dans les zones d’emploi métropolitaines et leurs voisines, ainsi que sur le pourtour méditerranéen. Dans les zones d’emploi de Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Lyon et autour de Paris, le taux de création d’entreprises est supérieur à 16 % entre 2011 et 2014, contre 14,3 % dans l’ensemble des zones d’emploi.
Dans les 36 zones d’emploi qui ont un faible taux de création (inférieur à 10,5 % sur cette période), les entreprises créées le sont un peu plus souvent dans l’industrie (8,8 % contre 6,8 % en moyenne nationale). Ce sont d’ailleurs aussi ces zones qui ont connu une baisse très forte du nombre de créations d’entreprises entre 2009 et 2014 (- 22 % contre - 5 % en France). Si, dans les zones d’emploi de Paca, de l’ancienne région Languedoc-Roussillon et autour de Paris, on observe un fort taux de création d’entreprises de type industriel, la majorité des entreprises créées dans ces zones dynamiques le sont dans les secteurs de la construction et des services. Toutefois, il importe de nuancer l’importance de ces créations d’entreprises.
En effet, la caractéristique principale des sociétés françaises est leur petite taille : en 2014, seules 5 % d’entre elles dépassent 10 salariés et 70 % n’emploient aucun salarié. Cette particularité se traduit dans le profil des nouvelles entreprises : la moitié de celles créées en 2015 sont des micro-entreprises, un chiffre stable depuis 2009. Leur création est facilitée depuis la mise en place du statut d’autoentrepreneur (voir encadré), mais elles n’ont pas forcément d’impact local en termes de création d’emploi (95,2 % des entreprises créées en 2015 n’ont aucun salarié).
Par ailleurs, dans les zones à fort chômage comme le pourtour méditerranéen, la création d’une petite entreprise peut être davantage une tentative de sortir du chômage en créant son emploi (sans pour autant parvenir à en dégager un revenu) qu’un signe de dynamisme économique : parmi les entreprises créées en 2015 en France, 30 % l’ont été par des demandeurs d’emploi.
Pérennité des entreprises : l’atout des espaces peu denses
Si les espaces métropolitains sont dynamiques du point de vue du nombre d’entreprises créées, l’étude de la pérennité des entreprises donne, en revanche, une vision très différente des équilibres territoriaux.
En effet, la géographie des taux de survie des entreprises à cinq ans est l’exacte opposée de celle du taux de création : les territoires où les entreprises sont les plus pérennes sont ceux où le taux de création est le plus faible, et réciproquement. Les zones peu denses au sud de Clermont-Ferrand ou à l’ouest de Dijon, qui ont les taux de création d’entreprises les plus faibles (moins de 11,5 %), ont aussi le taux de survie à cinq ans le plus fort (souvent plus de 45 % en 2014, alors que la moyenne française est de 36,1 %). La situation est identique dans les Dom et dans les zones d’emploi du nord de la Bretagne. Cette pérennité fait écho à un marché du travail plus stable, dans ces territoires qui s’adaptent à leur faible densité (voir chapitre 2C).