De nombreux économistes s’accordent à fixer le début de la crise au second trimestre 2008 en France. Si l’on s’en tient aux variations du PIB à l’échelle nationale, le retournement de conjoncture négatif s’est produit entre le premier et le deuxième trimestre 2008, et la récession a duré jusqu’au milieu de l’année 2009. Les évolutions du PIB sont redevenues positives au deuxième trimestre 2009.
Cette crise s’est ouverte à la suite de deux chocs : un choc industriel et immobilier en 2007, et une crise financière en 2008, dont les effets se sont combinés pour occasionner une période de récession d’un an, du deuxième trimestre 2008 au deuxième trimestre 2009 : le décrochage est brutal et le PIB de la France métropolitaine chute de 3,3 % en un an.
Les différents secteurs de l’économie ont été touchés avec une intensité variable par le choc économique de 2008-2009 : certains ont été surexposés (industrie, construction, activités immobilières, intérim), et d’autres protégés (tertiaire supérieur, secteur médico-social, industrie agroalimentaire).
Du fait de la concentration spatiale des activités (voir chapitre 1E) et de leur inégale exposition aux cycles macroéconomiques, certains territoires ont donc été plus touchés que d’autres : les territoires industriels, particulièrement vulnérables aux retournements de conjoncture ; les espaces à l’économie résidentielle aussi, exposés aux chocs externes qui affectent certains de leurs moteurs économiques (la construction en particulier). Malgré des avantages diminués par l’impact du choc conjoncturel ou financier sur certains secteurs d’activité, les espaces de type métropolitain ont mieux résisté à la crise (voir chapitre 1A).
Si la crise a affecté la construction et les services, pourtant créateurs d’emploi depuis 2000, l’évolution la plus marquante demeure cependant celle de l’industrie, qui voit le nombre de ses emplois diminuer encore plus fortement que les autres. Entre 2008 et 2011, la diminution de l’emploi industriel représente un quart des pertes enregistrées depuis vingt ans. Le rythme annuel moyen de la baisse est ainsi passé de 1,3 % à 2,8 %. On constate sans grande surprise que les secteurs de l’industrie et l’intérim représentent dans quasiment toutes les régions les deux secteurs ayant subi les plus grandes pertes d’emplois, notamment dans celles où la récession a été forte (Basse-Normandie, Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Lorraine). Certaines régions du Sud et de l’Ouest ont également enregistré d’importantes baisses d’emploi dans le secteur de la construction (Languedoc-
Roussillon et Midi-Pyrénées, Aquitaine et Poitou-Charentes, Bretagne) ; en revanche, l’emploi industriel y a plutôt bien résisté. Enfin, un autre groupe de régions (Alsace, Auvergne, Île-de-France, Paca) a connu d’importantes pertes d’emploi dans le secteur des services marchands.
Depuis 2009, l’économie française a connu de fortes fluctuations conjoncturelles : à la reprise économique de 2010, qui a duré jusqu’à mi-2011, a succédé un nouveau choc économique lié à la crise dite « des dettes souveraines ». Les dynamiques territoriales à l’œuvre ont alors été différentes : l’économie présentielle, tournée vers la consommation, le tourisme et la dépense publique, qui avait constitué un facteur d’amortissement lors du premier choc de 2008-2009, est devenue un facteur aggravant, alors que la demande intérieure se contractait, que le pouvoir d’achat des ménages diminuait et que la dépense publique ne croissait plus comme avant, sous l’effet des politiques de réduction des déficits publics.