Si l’emploi s’est globalement concentré dans les grandes aires urbaines depuis 1975, c’est largement en raison d’un effet dit « de structure », c’est-à-dire l’évolution de la part de chaque catégorie socioprofessionnelle dans la population active. En effet, ce sont les emplois des catégories socioprofessionnelles les plus « urbaines », c’est-à-dire les cadres et les professions intellectuelles supérieures, qui ont vu leur part relative dans l’emploi total augmenter le plus au cours des dernières décennies. Cette modification globale de la structure des emplois, liée à la transformation de l’économie (voir chapitre 1E), a provoqué notamment une croissance importante des emplois de cadres au cours des dernières décennies, qui a principalement bénéficié aux grandes aires urbaines, où ils sont surreprésentés.
En effet, les emplois les plus concentrés dans les grandes aires urbaines sont ceux des cadres et des professions intellectuelles supérieures (91 % de ces emplois sont localisés dans les grandes aires urbaines en 2012, contre 81,5 % de l’ensemble des emplois). Les professions intermédiaires y sont aussi particulièrement concentrées (85,4 %), à l’inverse des ouvriers et des artisans/commerçants qui le sont moins (les agriculteurs étant peu localisés dans les espaces urbains). Cette répartition spatiale des catégories socioprofessionnelles dans les grandes aires urbaines est très stable depuis les années 1970, hormis une légère déconcentration des emplois d’employés (passant de 86 % à 82 %) et d’ouvriers (passant de 76 % à 75 %) et une moindre concentration des emplois de la catégorie « artisans, commerçants et chefs d’entreprise » (de 71 % à 74 %), hors CSP d’agriculteurs, dans les grandes aires urbaines. La part des emplois de cadres et de professions intellectuelles supérieures localisés dans les grandes aires urbaines n’a que peu évolué depuis 1975 ; en revanche, leur part dans l’ensemble des emplois s’est beaucoup accrue au cours de cette période (voir chapitre 1E).