Du fait de leur éloignement géographique de la métropole, de leur faible superficie (la Réunion, Guadeloupe, Mayotte et Martinique font partie des dix départements les moins étendus de France) et de leur faible ouverture à l’extérieur, les territoires ultramarins sont souvent associés au groupe des « petites économies insulaires1 ». Ne pouvant bénéficier des économies d’échelle liées à l’intégration au marché européen, et ne réalisant que 50 à 60 % de leurs échanges commerciaux avec la métropole, ces économies sont en effet très dépendantes des importations et présentent des coûts de production élevés. La faible diversification des activités économiques et leur spécialisation dans des secteurs très limités entraînent une étroitesse du marché de l’emploi local2, auquel s’ajoute un manque de structuration des filières existantes. Enfin, des contraintes spécifiques pèsent sur le système éducatif ultramarin : l’étendue du territoire (notamment celui de la Guyane et de l’archipel de la Guadeloupe), les conditions d’enseignement (formation insuffisante des enseignants, surcharge des classes, éloignement voire inaccessibilité des établissements dans les premier et second degrés à Mayotte), des filières incomplètes ou indisponibles pouvant impliquer des orientations par défaut ou une mobilité vers la formation désirée.
Un chômage plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale
Ces contraintes spécifiques expliquent la situation très particulière de l’emploi dans les départements et les régions d’outre-mer (Dom). Ainsi, en 2012 le taux de chômage des 15-64 ans atteignait le double de la moyenne nationale en Martinique (26,5 %), qui a pourtant le plus faible taux parmi les Dom. Dans les autres territoires, la proportion de chômeurs s’élevait de 29,0 % en Guadeloupe à 36,6 % à Mayotte, soit presque le triple de la valeur nationale. Même le département de métropole ayant le plus fort taux de chômage (la Seine-Saint-Denis) est largement en dessous du niveau de chômage observé dans les Dom. Le chômage des jeunes y est particulièrement préoccupant : plus de la moitié des 15-24 ans sont sans emploi, avec des taux atteignant 59,6 % à la Réunion et 64,9 % à Mayotte.
Un taux d’activité très bas
Conséquence d’un taux de chômage élevé, une part importante de la population en âge de travailler se détourne du marché du travail : elle n’est alors comptabilisée ni parmi les travailleurs en emploi, ni parmi les chômeurs. C’est ce qui explique que le taux d’activité soit particulièrement bas dans les Dom (notamment en Guyane et plus encore à Mayotte), surtout pour les femmes. Toutefois, les taux d’activité des Dom sont globalement comparables avec les taux d’activité les plus faibles de France métropolitaine (celui de Haute-Corse par exemple), mis à part Mayotte, où plus de la moitié de la population d’âge actif n’entre pas dans le marché du travail observable.
Moins de la moitié de la population d’âge actif occupe un emploi
Résultant d’un taux de chômage élevé et d’un taux d’activité très bas, le taux d’emploi des 15-64 ans est révélateur d’une situation préoccupante : dans les Dom, parmi la population en âge de travailler, moins de la moitié occupe effectivement un emploi, contre 63,1 % en France. Si les marchés du travail martiniquais et guadeloupéen apparaissent moins dégradés que ceux des autres Dom, leur taux d’emploi reste entre 11 et 14 points inférieur à celui de l’ensemble du territoire français, loin derrière le taux d’emploi le plus faible de France métropolitaine (celui des Pyrénées Orientales). C’est à Mayotte que le taux d’emploi est le plus faible, avec seulement 29,1 % de personnes en emploi parmi la population des 15-64 ans, notamment du fait de la jeunesse de la population.